REPUBLIQUE DE COLOMBIE
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Etudes de Cas

L'auteur: Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture
Le contact: Jean Bonnal

Republique de Colombie


Les appellations employees dans cette publication et la presentation de donnees qui y figurent n'impliquent de lat part des auteurs aucune prise de position quant au statut juridiqude des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorites, ni quant au trace de leurs frontieres ou limites.

A. Données générales sur le pays

Superficie1.141.748 km²
Population (millions)35,5
Taux de croissance démographique1,7%
Taux d'urbanisation (1995)72,7%
Densité (1995)31 h/km²
PIB (1994) MilliardsUS$ 64,376
PIB par habitantUS$ 1.8135
Unité monétairePeso colombien
Budget de l'Etat8% du PIB
Indicateur développement humain0,813
Rang IDH (sur 174 pays)50

Frontières, topographie et climat

Au nord, la Colombie est bordée par le Panama et la mer des Caraïbes, à l'est, par le Venezuela et le Brésil, au sud par le Pérou et par l'Equateur et, à l'ouest, par l'océan Pacifique. Les traits caractéristiques de la topographie de la Colombie sont constitués par la chaîne de la cordillère des Andes située dans la partie centre-ouest du pays et qui s'étend du nord au sud quasiment sur toute la longueur du pays. Les Andes comprennent trois principales chaînes parallèles: la Cordillère orientale, la Cordillère centrale et la Cordillère occidentale. Entre les cordillères se trouvent de hauts plateaux et des vallées fertiles qui sont traversés par les principaux cours d'eau du pays. La Colombie se situe presque intégralement dans la zone aride située entre le tropique du Cancer et le tropique du Capricorne. Toutefois, le climat varie avec l'altitude. Les régions basses et les vallées sont arides, avec des températures annuelles oscillant en moyenne entre 24 et 27 C. De 455 à 2 285 m d'altitude environ, le climat est subtropical, et entre 2 285 et 3 048 m, le climat est tempéré. Dans la capitale, Bogota, la température annuelle atteint une moyenne de 14°C. Au-dessus de 3 048 m se trouve la zone de climat froid dans laquelle les températures varient de -18° à 13°C. Tout au long de l'année, et par période de trois mois, la saison des pluies alterne avec la saison sèche. Le long de la côte pacifique, les précipitations sont importantes. À Bogota, les précipitations annuelles s'élèvent en moyenne à 1 015 mm.

Caractéristiques et évolutions récentes du système politique

La République de Colombie est organisée sous la forme d'un régime présidentiel. La constitution en vigueur date du 5 juillet 1991; elle a permis de poursuivre la réforme d'un système de gouvernement très centralisé. Le président de la République, élu au suffrage universel pour un mandat de quatre ans non renouvelable, détient le pouvoir exécutif. Il nomme son gouvernement, lequel doit toutefois être soumis à l'approbation du Congrès. Le pouvoir législatif est formé d'une Chambre des représentants (163 membres) et d'un Sénat (102 membres). Du point de vue des gouvernements locaux, la Colombie est divisée en 32 Etats, dont 31 départements et un district. Les gouverneurs des départements sont élus au suffrage direct. Les deux principales forces politiques de la Colombie sont, depuis l'indépendance, le Parti conservateur, devenu aujourd'hui le Parti social-conservateur de Colombie (PSC), qui prône un gouvernement central fort et le Parti libéral qui est plus fédéraliste que centralisateur. Les anciens guérilleros du Mouvement du 19 avril (M-19) se sont également imposés sur la scène politique.

L'agriculture en Colombie

L'agriculture colombienne représente 16,1 % du PIB. Près de 29 % de la population active travaille dans l'agriculture (sylviculture et pêche y comprises), mais cette participation a eu tendance à diminuer au cours des dernières années au profit des secteurs secondaire et tertiaire. Le secteur agricole se décompose en deux types d'exploitations: les cultures vivrières et les cultures d'exportation pratiquées dans de grands domaines fonciers. Les cultures comptent pour deux tiers et l'élevage pour un tiers de la production agricole. Le climat et le sol permettent la production de nombreuses variétés telles que le café (la Colombie est le 2ème producteur mondial et cette culture est vitale pour le pays, tant par la surface de terres qu'elle occupe que par les recettes en devises qu'elle procure), le riz, le tabac, le manioc, le maïs, la canne à sucre (10ème rang mondial), le cacao (9ème rang mondial), les oléagineux, les légumes. Le pays pratique l'élevage de bovins. Les produits forestiers deviennent de plus en plus importants. En effet, l'essentiel du territoire colombien est recouvert par la forêt tropicale humide qui abrite l'une des réserves biologiques les plus riches et les plus denses du globe. Palétuviers et cocotiers ornent les côtes de la mer des Caraïbes, mais les arbres utiles pour le commerce (acajou, chêne, noyer, cèdre, pin, ainsi que plusieurs variétés de balsamiers) poussent dans la forêt amazonienne et, en altitude moyenne, dans la Cordillère. Seulement 8% du pays est protégé au sein de réserves et de parcs nationaux, mais la surveillance de certaines parties du territoire est rendue difficile par la présence de trafiquants de drogue. Toutefois, seulement 3% des forêts colombiennes ont été décimées, ce qui est peu en comparaison, par exemple, des 28% du Brésil.

Situation économique actuelle

Depuis 1993, la croissance économique est en voie de récupération, sous l'effet combiné d'une reprise de la production agricole, et d'une augmentation nette de la production industrielle et la construction. progressent nettement. Alors que les exportations plafonnent en raison du bas niveau des prix du café, les importations sont stimulées par l'expansion économique, l'appréciation du peso et la libéralisation de l'économie. En 1994, le triomphe du candidat du Parti libéral à l'élection présidentielle a donné lieu à l'adoption d'un programme de gouvernement à forte coloration sociale, qui n'a pas entamé la bonne santé économique de la Colombie. Par ailleurs, la mise en service de nouveaux gisements de pétrole offre des perspectives favorables pour le moyen terme et le pétrole a commencé à supplanter le café dans les revenus du pays, représentant près de la moitié de ses exportations. Néanmoins, dès 1996 apparaissent les premiers signes d'une récession économique. Celle-ci illustre aussi la fin des effets de la libéralisation de l'économie engagée en 1990. La croissance fléchit, tandis que le chômage et l'inflation progressent.

B. Processus de décentralisation en cours

Historique, objectifs et cadre juridique

La Colombie a initié formellement son processus de décentralisation depuis les années 60, mais dans la pratique le système de gouvernement est resté fortement centralisé jusqu'aux années 90. L'importance économique d'un certain nombre de régions et de villes intermédiaires ainsi que leur influence politique doivent plus à la géographie escarpée ou à l'histoire mouvementée du pays qu'à la politique de décentralisation elle-même. Les avancées les plus significatives de la décentralisation sont donc relativement récentes et se situent dans le contexte plus général de municipalisation du développement rural que connaissent beaucoup de pays de l'Amérique latine. L'actuel processus de décentralisation trouve son origine dans la décision du Gouvernement colombien de réformer la Constitution en 1991. Ceci a été le point culminant d'un processus commencé dès 1986 par le vote d'une Loi de décentralisation, qui donnait à l'autonomie locale une place prépondérante dans le paysage institutionnel du pays. Ainsi il a été décidé que les maires des municipalités seraient élus et que seraient créées des nouvelles instances de participation communautaire. L'objectif de la décentralisation était fortement politique car il s'agissait de donner aux maires et aux populations la possibilité de faire face à la présence de la guérilla et des trafiquants de drogue au niveau local.

Fonctions, ressources et autonomie des entités décentralisées

La Loi de décentralisation de 1986 et la réforme constitutionnelle de 1991 ont donné aux différents niveaux de gouvernement (départements et municipalités) des nouvelles fonctions aussi bien en matière de consultation et de décision que d'exécution, contrôle et financement. Si un effort a été fait pour donner aux entités décentralisées des ressources supplémentaires pour leur permettre d'accomplir leurs nouvelles fonctions, il apparaît, d'une part, que ces ressources n'ont pas été suffisantes et, d'autre part, que les entités décentralisées ne disposent que d'un degré d'autonomie relativement faible pour prendre de décisions sur leur utilisation.

C. La décentralisation et le développement rural

Formes de la décentralisation et élaboration des politiques agricoles et de développement rural

En Colombie, avec plus de force que dans d'autres pays, le processus de municipalisation a été explicitement orienté au développement rural. Dès 1987, les municipalités ont reçu la responsabilité sur les services publics essentiels et, en ce qui concerne le secteur agricole, il a été décidé que les municipalités devaient apporter une assistance technique directe aux petits producteurs. Pour ce faire, les municipalités devaient créer les Unités d'assistance technique agricoles (UMATA). Plus récemment (1993) a été approuvée la création des Conseils municipaux de développement rural (CMDR), ouverts formellement à la participation des paysans. Comme conséquence de la restructuration administrative du Ministère de l'agriculture et du développement rural, la déconcentration des services de l'Etat a été importante mais la délégation et la dévolution des pouvoirs aux autres acteurs du développement, ont eu tendance à marquer le pas. Contrairement à ce que l'on observe dans les autres pays de l'Amérique latine, en Colombie le processus de décentralisation a radicalement modifié les modalités de planification du développement rural, qui sont aujourd'hui essentiellement régionales et selon de procédures ascendantes. Ceci ne s'est pas traduit cependant par l'introduction de critères de différenciation des politiques nationales en fonction des caractéristiques des départements mais plutôt par une différenciation relative selon les types de productions et par des nouvelles formes de coordination. Ainsi par exemple, si le financement et la prise de décision sur les infrastructures rurales sont assurés au niveau national, le contrôle, suivi et évaluation sont une responsabilité du niveau local.

Les services d'appui à l'agriculture et la décentralisation

D'autres formes de coordination existent en ce qui concerne les principaux services d'appui a l'agriculture, notamment en matière de formation et de vulgarisation. Pour la formation, la définition des politiques est nationale mais le financement est assuré conjointement par le niveau national et le niveau local. Pour la vulgarisation, la définition des politiques relève à la fois des départements et des municipalités alors que le financement est partagé par le gouvernement national et les municipalités. La recherche, le crédit, les inputs et l'irrigation restent une responsabilité du niveau national tant du point de vue de la définition des politiques que de leur financement. Il est intéressant d'observer que la configuration du rôle des acteurs dans l'offre des principaux services à l'agriculture est plus diversifiée que dans d'autres pays de l'Amérique latine. Si l'on excepte le crédit et les inputs, où les acteurs prédominants sont respectivement le secteur public et le secteur privé, on trouve dans tous les services deux ou même trois acteurs se partageant le rôle prédominant: secteur public et ONG pour la formation; ces deux acteurs ainsi que les organisations de producteurs pour la vulgarisation; et les secteurs public et privé pour la recherche et l'irrigation.

Politiques d'accompagnement, contraintes et évaluation sur le processus de décentralisation

Les politiques d'accompagnement mises en œuvre avec le processus de décentralisation (accès à l'information sur le processus de décentralisation et formation aux nouvelles compétences) ont été beaucoup plus complètes et globales que dans d'autres pays de la région. En particulier, les programmes de formation aux nouvelles compétences ont été orientés non seulement aux services techniques mais aussi aux collectivités territoriales et à la population. Il est regrettable toutefois d'observer qu'un effort aussi considérable n'a pas été entrepris en matière d'appui à l'organisation des producteurs. En effet, si les compétences et les ressources dont disposent actuellement les niveaux intermédiaire et local de gouvernement ne paraissent pas représenter une contrainte importante pesant sur le processus de décentralisation, il n'en va pas de même pour les organisations de la société civile dont la faiblesse est une vraie contrainte à la poursuite et à l'approfondissement de ce processus. Plus important encore, l'absence aussi bien des modalités de coordination entre les niveaux que des cadres de concertation entre les acteurs semble être l'une des causes qui explique le manque d'impacts positifs clairement établis de la décentralisation sur les différents domaines du développement rural: services d'appui à l'agriculture, lutte contre la pauvreté, infrastructures sociales et productives participation des populations, et protection de l'environnement.

Perspectives d'avenir

Pour rendre visibles les impacts positifs de la décentralisation, il faudra à l'avenir assurer un plus grand accompagnement institutionnel aux acteurs locaux et davantage de continuité dans les politiques ainsi qu'un appui explicite au renforcement des organisations de base et à la démocratie locale. Ceci pourrait permettre aux populations de contrecarrer les tendances à l'appropriation de la décentralisation par les élites locales, sans parler de la nécessaire lutte à ce niveau contre les groupes paramilitaires, la guérilla et les trafiquants de drogue. En bref, le principal défi à la décentralisation en Colombie est en rapport avec la situation de violence généralisée qui fait que, en 1994, la présence de ces forces illégales était importante dans 569 des 1 074 municipalités existantes, notamment dans les zones andine et caféière.