L'impact macro-économique de la décentralisation
La conception de la décentralisation (la restructuration de la
prise de décision et des fonctions gouvernementales ) peut avoir
un effet considérable sur les conditions économiques d'un pays.
Quelques pays, y compris le Brésil et la Chine ont connu des problèmes
au niveau macro-économique quand ils ont décentralisé certains pouvoirs
d'imposition sans clairement définir les pouvoirs budgétaires des
niveaux qui bénéficiaient de ces revenus fiscaux. D'autres dont
le Mexique et l'Argentine ont eu des problèmes parce que les administrations
subnationales ont accumulé des dettes excessives et ont dû se faire
renflouer par le gouvernement central. D'autres cas de décentralisation
où certains gouvernements ont résolu leurs problèmes de déséquilibres
financiers au niveau central en décentralisant les pouvoirs de dépenser
sans les revenus correspondants, ont abouti à la non exécution des
services essentiels et dans certains cas, à l'augmentation des déficits
subnationaux. Dans l'élaboration des relations financières interadministrations
l'on doit tenir compte de ces effets macro-économiques négatifs.
Surtout, on doit assurer que les dépenses correspondent aux revenus
à chaque échelon et créer des mécanismes institutionnels pour faire
appliquer des règles budgétaires rigoureuses entre différents niveaux.
Motivations au niveau subnational
Contrairement aux administrations centrales, les administrations
subnationales sont moins motivées à penser à l'impact macro-économique
de leurs politiques. L'impact macro-économique des politiques subnationales
de stabilisation a tendance à se répandre dans d'autres collectivités.
Par conséquent, il revient habituellement aux gouvernements centraux
de maintenir la stabilité économique et ils devraient disposer des
moyens de le faire, tels que le contrôle de la politique monétaire
et au moins, un contrôle des dispositions financières. C'est-à-dire
avoir assez de revenus pour influencer la demande globale dans le
pays. Qu'elles soient intentionnelles ou non, les politiques subnationales
peuvent cependant influencer la stabilité : même l'augmentation
des dépenses d'un budget équilibré fait par les administrations
subnationales peut affecter la stabilité macro-économique; et les
emprunts subnationaux peuvent constituer un grand problème macro-économique.
De l'autre côté, des chocs macro-économiques peuvent secouer différentes
collectivités de manière différente, rendant souhaitable, une certaine
influence subnationale sur les conditions macro-ecomiques. Enfin,
centraliser toutes les dépenses et les revenus, avec un impact macro-économique
possible, peut engendrer des coûts excessifs en efficacité.
Structurer les relations financières interadministrations
pour améliorer la stabilité
Les administrations subnationales doivent avoir une base d'imposition
assez stable car les bases d'imposition très élastiques telle que
la TVA et l'impôt progressif sur le revenu peut causer des dépenses
gouvernementales cycliques qui accentuent les déséquilibres macro-économiques.
Les administrations centrales ont semble-t-il, été plus responsables
à cet égard. De plus, les taxes telles que la TVA et l'impôt sur
le revenu facilitent l'application de la politique macro-économique
(taux élevé pour la maîtrise d'une économie surchauffée.).
Répartition des dépenses
Bien que la discussion sur ce sujet ne soit pas étendue, la documentation
sur les finances publiques recommande habituellement qu'on attribue
aux administrations subnationales des dépenses suffisamment stables.
Par exemple, beaucoup de gens soutiennent qu'il vaut mieux attribuer
la sécurité sociale au niveau national à cause de sa nature cyclique.
Les motivations peuvent cependant modérer cette conclusion traditionnelle.
Par exemple, alors que l'attribution du service des allocations
de chômage au gouvernement central peut constituer un stabilisateur
automatique, elle supprime chez les administrations subnationales
la motivation de faire des économies sur les dépenses de chômage
en pratiquant, par exemple, une politique dynamique de l'emploi.
Ainsi, la centralisation de la sécurité sociale peut en fait accroître
les déséquilibres macro-économiques. Attribuer à l'administration
locale la responsabilité d'une partie de ces dépenses très cycliques
peut, en réalité mener à des meilleurs résultats en matière de stabilité.
Les subventions
Des considérations d'ordre macro-économiques et des considérations
relatives à l'administration fiscale et à l'équité vont probablement
donner au gouvernement central la plus grande partie des revenus
mais pas nécessairement les dépenses. Ainsi, il faut un système
de subventions pour pallier les déséquilibres verticaux. Bien que
des questions d'efficacité et d'équité risquent de dominer le processus
de la conception des subventions, plusieurs autres caractéristiques
contribuent également à la stabilité macro-économique.
Les subventions doivent être conçues de manière à ce qu'elles comblent
ex ante le manque à gagner entre les revenus et les dépenses subnationales.
Combler ex post le manque à gagner pourrait donner lieu à des dépenses
excessives au niveau local, puisque le gouvernement central paierait
une partie de la facture.
Le montant de la réserve pour les subventions ne devrait pas dépendre
des conditions macro-économiques pour éviter les habitudes dépensières
cycliques mentionnées plus haut. Disposer d'une base de revenus
suffisante pour alimenter la réserve est donc préférable aux subventions
basées sur une seule taxe.
Il faut à l'administration centrale un certain pouvoir discrétionnaire
d'ajuster les montants des subventions transférés; bien que cela
soit souvent impossible pour les mécanismes de subventions générales
autorisées par la loi, les subventions pour la réalisation de projets
spécifiques offrent plus de souplesse. Les effets de leurs dépenses
peuvent même être compensés, si les subventions requièrent une contrepartie
subnationale.
Emprunts subnationaux
Les emprunts subnationaux peuvent avoir un grand effet sur les
conditions macro-économiques d'un pays. Des pays comme le Brésil
et le Mexique ont vu, au début des années 90, leurs politiques financières
centrales respectives être contrecarrées par des déficits subnationaux
(visibles ou cachés) qui ont abouti à un renflouement par le gouvernement
national. Cependant, l'efficacité exige qu'il soit permis aux administrations
subnationales au moins un certain accès aux emprunts. Des pays ont
donc fait un certain nombre de démarches pour permettre aux administrations
subnationales de faire des emprunts :
Conter sur la discipline du marché pour limiter les emprunts nécessite
que plusieurs conditions strictes soient remplies, entre autres,
des marchés financiers ouverts, des informations adéquates, sensibilité
de l'emprunteur aux indicateurs du marché et une politique stricte
de non renflouement par le gouvernement central. Même des administrations
nationales peuvent ne pas remplir ces conditions mais la dernière
condition est particulièrement obligatoire pour les administrations
subnationales. A l'exception de quelques pays fédéraux (les Etats-Unis,
le Canada), peu de pays comptent sur la discipline du marché seul.
De nombreux pays (Allemagne,Suisse, Espagne, Corée) ont compté sur
des règles obligatoires pour limiter les emprunts. Certains ont
utilisé la règle d'or qui permet de n'emprunter que pour investir.
D'autres utilisent des règles qui limitent les emprunts à un certain
niveau qui indique la capacité d'endettement.
Certains pays contrôlent directement les emprunts subnationaux
en mettant des limites globales à ces emprunts, en approuvant l'émission
de bons individuels ou en permettant les emprunts par l'intermédiaire
d'une banque municipale contrôlée par le gouvernement central. Les
administrations locales ont des moyens de contourner toutes ces
règles en reclacifiant les frais de fonctionnement comme dépenses
d'investissement, en accumulant des arrières, en créant des activités
non inscrites au budget et en passant par les entreprises d'Etat
pour faire des emprunts ou pour garantir les emprunts des entreprises.
Par conséquent, les règles devraient comporter assez d'éléments
motivateurs et de moyens de contrôle pour être appliquées.
Mécanismes de coordination
Reconnaissant l'influence des administrations subnationales sur
la stabilité, plusieurs pays ont conçu des mécanismes de coordination
macro-économique interadministrations. L'Allemagne qui a probablement
le mécanisme le plus élaboré, coordonne les plans des dépenses et
des emprunts dans le contexte de stabilitaetsgesetz (loi de la stabilité).
Le plan quinquennal financier est débattu et coordonné avec les
Etats avant d'être soumis au Parlement. En Australie, c'est le Conseils
des Prêts qui coordonne maintenant les conditions des emprunts du
secteur public national et du secteur public subnational, après
avoir, précédemment, servi de forum de limitation d'emprunts subnationaux.
En Chine, la Conférence annuelle de la Planification et des Finances
sert d'instance où l'on discute et l'on coordonne les plans de chaque
échelon de gouvernement. Plusieurs pays ont des mécanismes de coordination
informels, soit par le biais d'une représentation étatique ou provinciale
dans une chambre du Parlement ou bien par le biais d'un sous-comité
du Parlement. Dans quelle mesure une coordination sans règles obligatoires
donne-t-elle de meilleurs résultats? Cette question reste posée.
Intégrer les motivations dans la conception
des relations financières interadministrations
En concevant les relations financières interadministrations les
effets de la motivation sur la stabilité macro-économique devraient
être pris en considération de manière explicite. De grands déséquilibres
verticaux en faveur des administrations centrales aboutissent probablement
au comblement des manques à gagner ex post, aux renflouements d'administrations
subnationales endettées ou au contournement de politiques nationales
d'impôts ou de dettes. De grands déséquilibres en faveur des administrations
subnationales, d'autre part, pourraient aboutir à de grandes dettes
nationales et à une discipline financière insuffisante aux niveaux
subnationaux. Une autonomie financière peu suffisante des administrations
subnationales réduit la motivation d'agir de manière responsable
parce qu'on ne peut pas requérir d'elles qu'elles augmentent les
impôts pour équilibrer le budget. Par conséquent, toutes choses
égales par ailleurs, il est souhaitable d'équilibrer grosso modo,
les dépenses et les revenus et charger chaque échelon de gouvernement,
de la responsabilité explicite de vivre dans les limites de ses
moyens et lui accorder l'autonomie nécessaire de le faire.
Les règles de la gestion du budget des administrations subnationales
pourraient viser à traiter beaucoup d'effets macro-économiques nuisibles
dûs à la décentralisation. Aussi longtemps que les administrations
subnationales seront tenues de gérer de manière responsable - où
il y a des limites pour les dépenses déficitaires - et seront dotées
des moyens de le faire, l'impact macro-économique de leurs actions
peut être limité. Prendre au niveau du gouvernement central des
mesures sévères pour s'attaquer à l'irresponsabilité financière
pourrait être utile (telles que les procédures sur la faillite gouvernant
les administrations locales en Nouvelle Zélande) et avoir des comptes
transparents, régulièrement publiés et vérifiés peut renforcer la
discipline. Enfin, la pression des citoyens (qui souffriraient d'une
crise financière) est un de meilleurs moyens d'inciter les administrations
infranationales à faire leur travail de manière responsable.
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