REPUBLIQUE ISLAMIQUE DE MAURITANIE
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Etudes de Cas

L'auteur: Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture
Le contact: Jean Bonnal

Republique Islamique de Mauritanie


Les appellations employees dans cette publication et la presentation de donnees qui y figurent n'impliquent de lat part des auteurs aucune prise de position quant au statut juridiqude des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorites, ni quant au trace de leurs frontieres ou limites.

A. Données générales sur le pays

Superficie1.030.700 km²
Population (millions)2,4
Taux de croissance démographique2,5%
Taux d'urbanisation (1995)53,8%
Densité (1995)2 h/km²
PIB (1994) MilliardsUS$ 1,1
PIB par habitantUS$ 458
Unité monétaireOuguiya
Budget de l'Etat24% du PIB
Indicateur développement humain0,254
Rang IDH (sur 174 pays)158

Frontières, topographie et climat

Pays saharien de l'Afrique de l'Ouest, la Mauritanie est baignée sur sa façade occidentale par l'océan Atlantique, bordée au nord-ouest par le Sahara Occidental, au nord par l'Algérie, à l'est et au sud-est par le Mali et au sud-ouest par le Sénégal. Pays essentiellement désertique, à l'exception de la vallée du fleuve Sénégal au sud, la Mauritanie s'étend sur les deux tiers de sa superficie dans le Sahara. Le relief, arasé, est constitué de sédiments, de débris rocheux (regs) et de dépôts sableux (dunes) d'où émergent, ça et là, des massifs de faible altitude, le plus souvent de forme tabulaire, attaqués par une intense érosion éolienne. L'altitude varie de quelque 150 m au sud-ouest à quelque 460 m au nord-est. Le climat est principalement désertique. Dans la journée, les températures atteignent généralement 38°C plus de six mois par an, mais les nuits sont fraîches. La région côtière est plus tempérée. Les précipitations annuelles varient de moins de 130 mm au nord à environ 660 mm dans la vallée du Sénégal.

Caractéristiques et évolutions récentes du système politique

La constitution en vigueur en Mauritanie date du 12 juillet 1991; elle a été approuvée par référendum avec 97 % des votes en sa faveur. La constitution déclare que la Mauritanie est une république islamique arabe et africaine, dont la charia (la loi islamique) est la source légale. La constitution a instauré un président de la République, détenteur du pouvoir exécutif et élu au suffrage direct pour six ans, assisté d'un Premier ministre, et un Parlement bicaméral composé d'une Assemblée nationale et d'un Sénat. Si bien le caractère démocratique du régime politique et le multipartisme sont reconnus par la constitution, la très forte influence du président apparaît dans la possibilité de réélection sans limitation de temps, les très courtes sessions régulières du Parlement ainsi comme les compétences du gouvernement pour fixer les priorités de l'agenda du parlement. Le pays est divisé en douze régions, chacune étant administrée par un conseil et un district, comprenant la capitale et plus grande ville du pays, Nouakchott. La capitale de la Mauritanie fut créée en 1957 à partir d'un simple poste militaire à la jonction du pays maure nomade et des sédentaires de la région du fleuve. Elle n'a cessé d'attirer les populations de l'intérieur et n'est pas loin d'atteindre les sept cent mille habitants.

L'agriculture en Mauritanie

L'agriculture occupe 67 % de la population active et contribue pour un tiers au PIB. Le secteur agricole est essentiellement consacré aux cultures vivrières et à l'élevage nomade de bovins et d'ovins. Les principales cultures sont dattes, millet, sorgho, riz, racines alimentaires. L'agriculture est très déficitaire pendant les années de sécheresse. La production agricole a été maintenue malgré le manque d'eau (compensé surtout par le forage de puits atteignant les eaux souterraines), mais reste insuffisante au regard de la forte croissance démographique. L'élevage est la principale activité économique du pays maure: bovins, ovins, chèvres, viande, lait, cuirs et peaux. La pêche constitue l'autre ressource dont la Mauritanie tire partie sous la forme de droits de pêche. Les années de sécheresse combinées au surpâturage et à la déforestation augmentent les risques de désertification du pays. Un projet de barrage sur le fleuve Sénégal vise à augmenter et à régulariser l'approvisionnement en eau mais aurait inévitablement des conséquences négatives sur certains écosystèmes.

Situation économique actuelle

Le pays dépend largement de l'aide internationale, qui représente annuellement 20 % du PIB. Malgré cette aide, l'économie demeure stagnante. En 1989, un accord de stabilisation économique a été signé avec le FMI; il faisait suite au programme d'ajustement structurel de 1985, complété lui-même en 1991 par un programme d'ajustement structurel agricole. En 1993, la Mauritanie renoue avec la politique d'ajustement et un assainissement financier intervient grâce à l'accord conclu le 27 janvier au sein du Club de Paris, qui permet une réduction de presque 50 % de la dette publique ou garantie du pays. Dans ce cadre, un plan de relance prévoit la privatisation de plusieurs entreprises publiques. En 1996, le redressement de l'économie se poursuit, sous l'égide des organisations financières internationales. Il s'accompagne depuis 1991 de la mise en place d'un processus de décentralisation.

B. Processus de décentralisation en cours

Historique, objectifs et cadre juridique

Une première Loi de décentralisation avait été votée en 1986 mais le véritable processus de décentralisation a démarré en 1991, quand les autorités centrales ont décidé de suivre les recommandations des organisations internationales, qui voyaient dans la décentralisation une réponse bien adaptée à la diminution des ressources budgétaires et une manière de continuer la restructuration de l'économie, initiée avec le processus de privatisation mis en place la même année. Fonctions, ressources et autonomie des entités décentralisées La politique de décentralisation mise en place a donné un poids important aux entités décentralisées de niveau local, notamment par l'attribution des fonctions exclusives de décision et financement. Les fonctions de consultation, exécution et contrôle sont partagées entre les entités décentralisées de niveau régional et celles de niveau local. Les deux types d'entités n'ont reçu cependant qu'un niveau insuffisant de ressources pour faire face aux fonctions que leur correspondent. Par ailleurs, les entités de niveau local disposent d'une plus grande autonomie que les entités de niveau régional dans l'utilisation de ces ressources, sous la tutelle toutefois du Ministère de l'intérieur.

C. La décentralisation et le développement rural

Formes de la décentralisation et élaboration des politiques agricoles et de développement rural

La décentralisation dans le secteur agricole et rural a commencé en 1993 mais son calendrier d'application s'est vu interrompu à cause des faiblesses du niveau local tant en ce qui concerne ses capacités organisationnelles que financières. La forme prédominante prise par la décentralisation en matière de développement rural a été la déconcentration assez forte des services de l'Etat, suivie d'une délégation modérée de pouvoir à des entités para-publiques. La dévolution de pouvoir a été somme toute très faible, qu'il s'agisse de la dévolution aux collectivités territoriales ou aux organisations de la société civile. La déconcentration a impliqué bien entendu la restructuration du Ministère du développement rural et de l'environnement (MDRE), initiée en 1993. Dans le cas particulier de la décentralisation dans le secteur agricole, le niveau privilégié n'a pas été le niveau local mais les régions, en raison des plus grandes capacités techniques et financières dont celles-ci disposent et qui ont été vues comme un atout pour accompagner le processus et contribuer à l'entraînement du niveau local à des nouvelles fonctions et responsabilités. Dans ce contexte, les modalités de planification du développement rural et d'élaboration des programmes stratégiques ont été modifiées: tout en restant essentiellement nationales, elles ont incorporé des procédures remontantes de formulation. Ceci a permis aux politiques nationales d'intégrer une différentiation modérée selon les régions et une différentiation forte selon les types de production. Si la participation des niveaux locaux se limite à des formes simples de concertation, on constate une certaine coordination des interventions au niveau régional. Les modalités de cette coordination en matière d'équipements et infrastructures ruraux sont assez classiques et ont été observées dans différents pays. Elles consistent, d'une part, en une prise de décisions et un financement nationaux et, d'autre part, un contrôle, suivi et évaluation sous la responsabilité du niveau régional.

Les services d'appui à l'agriculture et la décentralisation

En ce qui concerne la décentralisation des principaux services d'appui a l'agriculture, une responsabilité a été reconnue aux régions dans la définition des politiques concernant le crédit et les intrants, tandis que la définition des politiques en matière de formation, vulgarisation, recherche, crédit et irrigation est resté du domaine exclusif du niveau national. Il en va de même pour le financement de ces services, qui dépend du niveau national, à l'exception de celui des intrants qui est une responsabilité du niveau régional. Par contre, la fourniture de ces services montre un tableau plus diversifié. Si le secteur public reste prédominant dans la fourniture des services de recherche, il partage ce rôle avec les ONG en matière de formation et de vulgarisation, et avec le secteur privé pour les services d'irrigation. Le secteur privé a en plus un rôle prédominant dans l'offre d'inputs et partage ce rôle prédominant avec les organisations de producteurs pour tout ce qui touche au crédit agricole.

Politiques d'accompagnement, contraintes et évaluation sur le processus de décentralisation

La Mauritanie n'a pas considéré indispensable d'accompagner la décentralisation avec une politique spécifique en matière de diffusion d'information sur le processus, mais a donné la priorité à la formation aux nouvelles compétences en direction des services techniques et des collectivités territoriales. L'appui à l'organisation des producteurs n'a pas non plus été délaissé. En conséquence, les principales contraintes qui pèsent sur le processus de décentralisation sont de deux types. D'une part, la faiblesse du niveau local de gouvernement et des organisations de la société civile et, d'autre part, l'absence de coordination entre les niveaux et, d'une manière concomitante, l'absence des cadres de concertation. Malgré ces contraintes, le processus de décentralisation paraît avoir eu un impact positif non seulement sur les services d'appui à l'agriculture et les mesures de lutte contre la pauvreté, mais également sur les infrastructures productives (chemins, irrigation, entrepôts) et la participation des populations. Par contre, la décentralisation ne semble avoir eu des conséquences sensibles ni sur les infrastructures sociales (santé, habitat, éducation), ni sur la protection de l'environnement.

Perspectives d'avenir

Le pays demeure par ailleurs confronté à deux défis très importants. D'une part, l'avancée continue du désert vers le sud. D'autre part, les risques posés par une transformation sociale non maîtrisée, qui pourrait conduire à l'affrontement des communautés et à l'éclatement des compromis politiques. Il n'est pas sûr que sans des avancées décisives de la démocratie et de la décentralisation, la Mauritanie puisse faire face à ces défis. Pour cela, il faudra à l'avenir mener des programmes plus décisifs d'information et de formation des populations rurales et compléter la déconcentration par une dévolution des pouvoirs aux organisations de la société civile et aux collectivités locales. Ceci demandera à son tour de mettre en place des organes de coordination entre les différents niveaux et des véritables cadres de concertation.